Mon corps n’est pas le même que le vôtre
Mon corps n’est pas le même que le vôtre
Jeanne et Paul
2021
Collage, photos vernaculaires, feuilles d’arbre séchées, feutre noir sur papier népalais fait main, papier froissé noir – Encadré 60×80
Sur terre les humains passent comme des feuilles : si le vent fait tomber les unes sur le sol, la forêt vigoureuse, au retour du printemps, en fait pousser bien d’autres ; chez les hommes ainsi les générations l’une à l’autre se succèdent.
L’Iliade chant VI, Homère
Ce collage associe une photo d’anonyme, une feuille d’automne séchée et un texte.
Le texte est une liste fictionnelle, à la première personne, de choses aimées ou détestées. En ce sens, cette liste donne une identité à un anonyme, un corps qui se définit par ses goûts, sa différence.
Les mots donnent vie, la feuille d’arbre et la photo se souviennent.
Dans Roland Barthes par Roland Barthes, Roland Barthes écrit : J’aime, je n’aime pas : cela n’a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n’a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n’est pas le même que le vôtre. Ainsi, dans cette écume anar¬chique des goûts et des dégoûts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu à peu la figure d’une énigme corporelle, appelant complicité ou irrita-tion. Ici commence l’intimidation du corps, qui oblige l’autre à me supporter libéralement, à rester silencieux et courtois devant des jouissances ou des refus qu’il ne partage pas.