Emmanuelle Michaux est une artiste franco-suisse qui vit et travaille entre Paris et Genève. Formée au cinéma expérimental, elle développe depuis plusieurs années une pratique transversale mêlant vidéo, installation, peinture et objets textuels. Son œuvre, à la croisée de l’intime et du politique, s’ancre dans une réflexion sur la mémoire, le temps et les mécanismes de l’archive.

Au cœur de sa démarche, Emmanuelle Michaux explore un corpus singulier de films amateurs anciens, issus d’une collection constituée par son père. Ces images anonymes, souvent silencieuses, deviennent le point de départ d’un travail de relecture et de recontextualisation plastique. À travers des gestes de réappropriation, l’artiste redonne une présence à ces visages oubliés, interrogeant leur statut et leur devenir dans une société saturée d’images.

Ses œuvres – vidéos, peintures, installations, photographies – forment un ensemble cohérent, empreint de poésie et d’émotion retenue. Elles questionnent la nature de l’image enregistrée, son pouvoir de survivance mais aussi sa dimension violente, liée à la disparition, au deuil et à la fuite du réel. Dans cette perspective, le cinéma n’est plus seulement un médium, mais un matériau à déconstruire, à épuiser, dans une tentative fragile de résistance au néant.

Inspirée notamment par les écrits de Roland Barthes, Emmanuelle Michaux travaille à partir d’un point d’ancrage personnel pour ouvrir un champ de réflexion universel sur la mémoire et la perte. Par une esthétique de la retenue et du dépouillement, son œuvre propose une mise en tension constante entre narration, silence, effacement et persistance.

Plus récemment, son travail a évolué vers une réflexion élargie sur notre rapport au vivant, à la nature et aux rythmes du monde. Dans une continuité organique avec ses recherches sur le temps et la mémoire, l’artiste interroge désormais les liens invisibles entre l’humain et son environnement, les cycles naturels, la transformation des paysages et les formes de temporalité non linéaires. Cette nouvelle orientation ouvre son œuvre à des dimensions écologiques, sensibles et philosophiques, où la nature devient à son tour un espace d’archive, de résonance et de réparation.

Ses œuvres ont été diffusées dans divers lieux et festivals, aux 5e et 6e biennales internationales du film sur l’art du Centre Georges Pompidou, au Fresnoy, à artgenève, et dans des galeries à Genève et Paris. Son travail théorique a été publié chez L’Harmattan et par l’Action Artistique de la Ville de Paris. Elle a également donné des cours et des conférences à la Sorbonne, et à la HEAD. Elle est diplômée du Fresnoy, Studio National des arts contemporains.