Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima

Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima
2021
Impression de 15 photogrammes sur papier encollés sur panneau d’affichage, feuilles d’or.

Ce travail a été réalisé à la demande de Joseph Farine pour la Galerie Andata-Ritorno, dans le cadre du projet I LOVE #ArtisteDici, soutenu par le FMAC (Fond d’art contemporain). Cette intervention sur des panneaux d’affichages au cœur de la ville de Genève a été possible grâce à un budget de soutien aux acteurs culturels dans le contexte de la crise sanitaire Covid-19.

Il s’agit d’une œuvre éphémère, réalisé en direct, inspirée par un poème de René Char où le narrateur évoque un amour perdu. Trois couples, issus d’un film amateur anonyme des années 30, s’embrassent sous le même arbre. L’action se découpe en cinq photogrammes jusqu’au baiser final. L’œuvre est recouverte de feuilles d’or flottantes au vent.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima?

Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L’espace qu’il parcourt est ma fidélité. Il dessine l’espoir et léger l’éconduit. Il est prépondérant sans qu’il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s’inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas?

René Char
Extrait de Éloge d’une soupçonnée – Poésie/Gallimard

Lieu d’exposition : Genève, du 13 au 27 juillet 2021