Le membre fantôme
Vue de l’installation
Poème : Le membre fantôme
A l’arrière de la photo est écrit : « Elly a 5 mois…. …. Le 24 juillet 1920 »
L’enfant regarde le photographe, la mère regarde l’enfant.
Personne ne regarde l’objectif
Du corps de la mère est sorti l’enfant. D’un corps devenu deux, qu’on présente à l’objectif
Présentation
Représentée……
Ce moment a été réel
L’ instant, là
Cette scène n’a eu lieu qu’une fois
Comme dans un haïku tout est donné
C’est le blanc qui domine, la résurrection
L’étoile, de 1920
Inviter à fermer les yeux, pour se souvenir
Un labyrinthe………………………Prendre la photo comme point de départ, comme fil………………..
Ce n’est pas Elly, né 60 rue Ancienne, et sa mère
Pourtant ce n’est personne d’autre
Sur le film, aussi
Une histoire d’amour et de mort
Dans toute la photo
ICÔNE
Fiché comme un papillon dans un cadre
Indifférente Nature épinglée
Pas d’autre avenir que le roman ou la mélancolie
Dans le souvenir, pas d’issue
L’ours déchet aux allures christiques.
L’absent éphémère
Venu du ciel
Qui a perdu son bras
L’entourer de mes bras et le consoler
Éperdument vivant vers le soleil et la chute
« Icare a beau agiter ses bras nus : privé d’ailes, il ne se soutient plus dans le vide. »
MAIS Longue est la chute éphémère du cadavre ailé…. ….plein d’orgueil, comme un enfant
Le membre fantôme
2022
Installation, impressions de photos et photogrammes sur papier canson, encre, feuille d’or et vidéo
Au 54 rue Ancienne existe une minuscule galerie d’antiquités, une véritable caverne d’Ali Baba. Guidée par l’histoire et la magie des objets, j’ai choisi parmi tous les trésors qui s’offraient à moi, la photo d’une enfant dont le nom et l’âge figuraient au verso, et un ours en peluche mal traité. De là est née l’histoire d’Elly, qui a peut-être vécu dans cette rue et pourquoi pas au 60.
L’ours avait un bras disloqué, et je me suis souvenue du récit de ces personnes qui, ayant perdu un membre, parlent de la sensation étrange d’avoir toujours l’organe disparu. J’ai pensé à la petite fille sur la photo et à tous ces fantômes qui nous entouraient dans cette rue historique de Carouge, papillons éphémères, qui tel Icare avaient volé vers le soleil et un jour perdu leurs ailes.