







Dans Éros & Thanatos, dernier signe, Emmanuelle Michaux déploie un rituel où la parole, le souffle et la mémoire deviennent matière artistique.
Un lit couvert de fleurs, installé dans le hall d’un Hôtel, accueille les visiteurs invités à venir chuchoter un souvenir : la trace d’un être cher disparu ou la réminiscence d’un instant érotique, moment de vie où le corps s’est senti pleinement vivant.
Ces confidences contrastées font apparaître le double mouvement qui traverse toute existence, la pulsion de vie et la pulsion de mort, que Sigmund Freud désignait sous les noms d’Éros et de Thanatos. Dans cet espace à la fois intime et public, Emmanuelle Michaux fait du lit un territoire de seuil, où la mémoire du corps vivant et la mémoire des absents se rejoignent.
Chaque échange laisse une trace : un texte poétique, une fleur, et une photographie instantanée. Ces fragments constituent une archive sensible où la parole intime se métamorphose en image, et où l’éphémère s’inscrit dans la durée.
L’œuvre s’inscrit dans la lignée des artistes qui interrogent la mémoire et la présence : Marina Abramović, pour qui le corps devient médium d’écoute et de résistance ; Sophie Calle, qui fait de la confession et de la perte une matière poétique ; Christian Boltanski, dont les reliquaires modernes recueillent les traces de vies disparues ; ou encore Ana Mendieta, qui liait le corps et la terre dans une même pulsation vitale.
Mais Emmanuelle Michaux ajoute à cette tradition une douceur rare, un espace d’accueil où le chuchotement devient offrande.
En écho à Georges Bataille, qui voyait dans l’érotisme « l’approbation de la vie jusque dans la mort », et à Maurice Blanchot, pour qui l’écriture naît au bord du silence, la performance fait du langage un geste d’amour et de survivance.
Ainsi, Éros & Thanatos, dernier signe explore la manière dont l’amour et la perte, la mémoire et le désir, tissent ensemble la texture invisible de notre humanité.